Dimanche, vous serez nombreux devant les écrans pour regarder le départ de la 10e édition du Vendée Globe. En 1989, il y avait treize concurrents, et tout le monde avait en tête l’épopée de Bernard Moitessier dans le Golden Globe de 1968, alors l’unique course autour du monde en solitaire ayant eu lieu. La question que se posaient les visiteurs aux Sables d’Olonne était simple : combien vont réussir à aller au bout ? Avec une crainte : certains pourraient-ils ne pas revenir ? Le Vendée Globe était une aventure. Les skippers des héros.
35 ans plus tard, la course a changé d’époque. Le public suit en quasi-direct, et en vidéo, ce qui se passe à bord. Le téléphone par satellite est banal. Les bateaux ont des foils et volent sur l’eau. La question n’est plus de savoir qui va aller au bout mais si le record de 74 jours sera battu. Pour les skippers, pourtant, la semaine avant le départ reste une épreuve. Ce moment, ils l’ont autant craint que désiré. Pour eux, le Vendée Globe est un rêve, un aboutissement. Mais ils savent que, malgré la technologie, malgré la préparation et l’équipe de professionnels qui les a accompagnés jusque-là, ils seront bientôt seuls face à l’océan, à bord d’un bateau qui leur réservera un lot toujours inattendu d’avaries, de problèmes. Et il y aura ces mers du sud, dont les vraies dimensions ne sont comprises que par ceux qui les ont affrontées, là où les vagues peuvent être « hautes comme des Alpes ». Il y aura Bonne Espérance, il y aura le Cap Horn. Encore une semaine et ce sera à eux, et eux seuls, de jouer.
Malgré la technologie, cette course se résume à « des solitaires en mer autour du monde, sans escale et sans assistance ». Rien ne change, finalement : le Vendée Globe reste une aventure.
Christophe Agnus
Photo Olivier Blanchet/Alea