Gloutonnes alliées…

Le krill est une petite crevette vivant dans les eaux froides. Vivant en essaims pouvant atteindre 10 à 30 000 individus par m3, son rôle est essentiel dans la séquestration du carbone dans les grands fonds. Son problème : il est au menu des baleines. Et pas en amuse-gueule. Jusqu’il y a peu, les scientifiques avaient une vague idée de l’appétit des grands mammifères marins, avant de se rendre compte de leur erreur : il faut multiplier les premières estimations par trois… Pour la baleine bleue du Pacifique, la plus grande du monde, ce serait jusqu’à 16 tonnes par jour de chasse ! Et vous voulez le meilleur ? C’est une excellente nouvelle. Car plus elles mangent de krill, plus il y en a… Explication : pour faire sa photosynthèse, le phytoplancton a besoin d’azote et de soleil, mais aussi de phosphore et de fer (rare). Avant d’être mangé par les crevettes. Elles-mêmes dévorées par les baleines. Cela devient vraiment amusant après, quand on connaît l’habitude des grands cétacés à déféquer en surface, parfois loin au large, libérant des nutriments permettant au phytoplancton de retrouver notamment ce fer dont il a absolument besoin pour se développer. Et donc de participer à la séquestration du carbone. Avant que l’on massacre deux à trois millions de baleines au cours du 20ème siècle, les scientifiques estiment que ces grands mammifères avaient, pour l’élimination du carbone, le même impact que les forêts de continents entiers. Désormais protégées, leur population remonte doucement. Heureusement. Vous voyez l’équation : plus de baleines= plus de phytoplancton = plus de krill= plus de séquestration de carbone… Le genre d’équation que l’on aime.

Christophe Agnus

Photo Ed Lyman/NOAA Fisheries

Suivez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Instagram