Les épaves ne sont jamais ordinaires

Les épaves ne sont jamais ordinaires

J’ai hésité à passer cette photo. J’ai hésité à vous proposer ce texte. Mais parfois il faut faire les choses, dire les mots, au moment où on en sent le besoin.

Je voulais vous parler d’une actualité qui date déjà de plusieurs semaines.

Une information qui est apparue pour être immédiatement chassée par une autre. Un sous-marin avait disparu. C’était le 21 avril dernier. Vous vous en souvenez peut-être. C’était loin, de l’autre côté du monde, au large de Bali. Le KRI Nanggala appartenait à la marine indonésienne. En Europe, en France, la presse s’est bien sûre émue de la disparition. En pages intérieures. Avant d’évoquer qu’il avait été retrouvé, quatre jours plus tard, en trois morceaux, par 700 mètres de fond. Toujours en pages intérieures. Si j’osais, je dirais « fin de l’histoire ». Je pense que vous n’entendrez plus parler de ce sous-marin. 

C’est pourtant maintenant que tout commence. 

Vous connaissez les vers de Victor Hugo : 

« Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfoui ? »

Je pense donc à eux. Pas seulement aux capitaines. A ces marins partis sans se douter qu’ils ne reviendraient pas. A l’équipage du KRI Nanggala dont on ne saura jamais s’ils ont compris, ou pas, ce qui leur arrivait. Aux familles qui, les voyant s’embarquer, pensaient déjà aux repas du retour, à la joie des enfants (ces marins sont souvent très jeunes), mais pas au non-retour.

J’en parle aujourd’hui car quand un avion s’écrase, le sujet devient un enjeu mondial. On convoque experts et contre-experts. L’avionneur est sommé de s’expliquer. Les familles se regroupent et demandent des comptes. La presse, des mois voire des années durant, revient sur le drame.

En mer, et encore plus sous la mer, le sujet est vite évacué. Comme si on considérait les océans comme un milieu naturellement dangereux et les marins des victimes finalement attendues. Certes, le commun des mortels monte plus souvent dans un avion que dans un sous-marin. Donc le crash aérien l’inquiète plus qu’un naufrage. Et la presse pense à ses lecteurs, parmi lesquels peu de gens de mer. Mais j’aurais aimé que, juste un temps, on repense aux 53 hommes d’équipage de ce sous-marin indonésien, dont les corps ne seront jamais retrouvés. Dont les familles vont devoir faire le deuil, difficilement, sans dernier adieu. 

Quand le sous-marin français Minerve a été retrouvé, 51 ans après sa disparition, en juillet 2019, le chef d’état-major adjoint de la marine australienne, un sous-marinier, a salué la mémoire des 52 hommes du bord et parlé d’un équipage « en patrouille pour l’éternité ». Alors, quand vous verrez une épave, une photo d’épave, pensez bien qu’il y a peut-être eu des marins à bord quand le navire a sombré. Que ce n’est pas seulement un amas de ferraille qui rouille pour donner un abri aux poissons. C’est aussi le refuge de l’histoire jamais terminée de marins en mer pour l’éternité.


PS:  pour information le reportage « Sous Marin LA MINERVE, 50 ans de mystères » sera rediffusé ce lundi soir à 21 Heures sur la chaine 23 (RMC) 

Photo Pixabay

Transat en double

Cette photo aurait pu (dû) être celle du départ de la Transat en double Concarneau-Saint Barthélémy. Mais le comité de course a eu la sagesse de repousser le départ pour ne pas envoyer les concurrents vers deux grosses dépressions à négocier dans le Golfe de Gascogne, zone « casse-bateaux » par excellence. Alors il y a eu une sorte de prologue. Pour quand même offrir un spectacle nautique. 

Et cette photo d’Alexis Courcoux me fait réaliser que les virements de bouées que j’ai connus sont devenus impossibles. Ou trop dangereux. Quand je disputais le Tour de France à la Voile, l’Edhec, le Spi Ouest-France ou les autres régates du calendrier (dans les années 80…), il nous est arrivé (rarement, mais c’est arrivé…) de devoir préparer les pare-battages pour éviter des chocs coque contre coque tant les voiliers viraient serrés, se frôlant. Aujourd’hui, il y a un nouvel élément qui rend cela… compliqué: les foils. Vous les voyez, ces appendices des deux côtés du bateau? L’époque change. Cela rend les bateaux plus rapides mais plus chers et sans doute plus fragiles. Je ne fais aucun jugement. Je constate. 

Bonne semaine à tous.

Maman, j’ai quitté la ville

Quand nous avons lu le texte de Corentin Durix, il était alors étudiant. A priori pas un expert validé du sujet. Mais ses écrits disaient le contraire. Il avait beaucoup lu, beaucoup rencontré, beaucoup étudié. Nous avons continué à travailler sur son texte pour arriver à cette version, que nous publions aujourd’hui. Et cela fait plaisir. Car entre-temps, Corentin Durix n’est plus étudiant. Après un passage dans un grand cabinet de conseil, il a intégré la BPI, la banque publique d’investissement, pour travailler sur… le développement de la ruralité! L’étudiant est officiellement devenu expert.

Nous vous proposons de découvrir ici l’introduction du livre:

« Le XXIe siècle est-il celui de la ruralité ? J’en suis certain. Enfin dans une certaine mesure et sous une certaine forme.

Pendant presque deux siècles, les villes françaises se sont développées et sont devenues les sanctuaires de la consommation et du progrès humain. Pourtant, depuis quelques années, entre l’urgence environnementale, les crises économiques, les pandémies et l’évolution des consciences, le modèle du tout urbain a peu à peu perdu en crédibilité jusqu’à arriver à un chiffre : 85 % des Français vivent sous influence urbaine alors que vivre en zone rurale est un idéal pour 81 % d’entre eux.

J’ai expérimenté les deux, partant d’un petit village de 300 âmes à une agglomération proche des 10 millions d’habitants en passant par quelques villes intermédiaires. Et je maintiens, l’avenir est à la campagne, du moins pour un certain nombre de Français, les néoruraux. Chaque année, ils sont de plus en plus nombreux à franchir le pas pour s’installer dans des espaces qui n’attendent qu’eux. Après l’exode rural massif du XIXe siècle qui vit gonfler les centres-villes et les cités ouvrières, nous sommes au matin d’une révolution démographique forte, inévitable et souhaitable en direction du rural.

Aujourd’hui la réalité des campagnes est préoccupante ; les belles campagnes vivantes et actives d’autrefois sont bien loin. Malgré la beauté et le potentiel de ces espaces, la population est vieillissante, l’emploi est en berne et le patrimoine se dégrade. Mais ce n’est pas une fin en soi, loin de là. À la différence des villes en mutation perpétuelle, les espaces ruraux sont peu repensés et furent longtemps considérés comme le propre de l’agriculture et de l’industrie.

Que faire lorsque ces deux secteurs sont en difficulté ? Innover ! Loin des modèles d’activités traditionnels, les campagnes portent en elles un potentiel vaste qui touche l’ensemble des secteurs stratégiques d’avenir. Innovation, circuits courts, télétravail, transport, énergie, écologie, et si les campagnes devenaient le laboratoire de la société de demain ? C’est tout l’enjeu des années à venir et il y a du travail ! Les campagnes du temps jadis ne sont plus, celles de demain seront différentes et il faut s’atteler à créer des espaces adaptés à leur temps. Pour cela, l’attachement émotionnel et idéologique des ruraux entrave souvent la modernisation de ces espaces. Et c’est exactement là que les néoruraux interviennent. Le succès de la revitalisation des campagnes passera par une subtile alchimie entre ruraux et néoruraux.

Je n’envisage pas de vous convaincre du bien-fondé de la vie à la campagne, c’est un jugement que vous seul(e) pouvez faire. Mon but est unique, dépoussiérer l’image désuète des campagnes et ouvrir les yeux sur l’incroyable et peu exploité potentiel de ces espaces. Que vous soyez rural ou urbain de toujours, Parisien envisageant le changement de vie ou que vous ayez déjà franchi le pas, ce livre est fait pour vous. Amis, à vos tracteurs et bienvenue sur le fabuleux chemin de la néoruralité.« 

Vous voulez aller plus loin? C’est ici! https://nautilus-editions.com/produit/maman-jai-quitte-la-ville/

On ne voit plus la mer

J’ai croisé Renaud Gaultier dans les années 80, sur le Tour de France à la Voile. Une amitié est née, mais les années passent, on se perd de vue. Avant de se retrouver il y a peu. Renaud est devenu artiste plasticien. Il me raconte qu’il y a quelques années, il avait décidé de s’implanter dans un village désert l’hiver, balnéaire l’été. Avant d’oser installer, en toute légalité, une œuvre conceptuelle sur la lande au bout d’une pointe, entre granit et sable fin. C’est alors tout un milieu qui est entré en ébullition. De controverses en polémiques, certains sont passés rapidement à l’acte. Et ce fut violent. Il en a fait un livre: « On ne voit plus la mer ». Une histoire vraie. Mais c’est aussi celle d’un regard sur ce qui fait notre relation au monde, le nôtre et celui des autres, qui apparemment n’est pas toujours le même.Vous voulez en avoir un avant-goût? Alors le début 😉

« Cela me revient quand il a toqué à ma vitre, j’ai la main sur la clé de contact, devant moi la dune qui dévale vers l’anse, sable et caillasse goémoneuse, je dois faire une manœuvre pour partir, que me veut-il, me foutre son poing dans la gueule ou parler ? J’espère un dialogue, je baisse la vitre.
— Ça doit s’arrêter tout ça.
— …
— Faut que ça s’arrête, ça va trop loin.
— …
— On peut se parler ?
Petit, presque frêle, l’homme semble soucieux, pris dans une tension qui, si j’en crois ses cernes, ne le lâche pas. Il pioche de la tête, un huîtrier pie qui fouille la grève, une question d’instinct sans explication.Je bafouille un « oui » et m’extrais de l’AX, je sens un poids. Il reprend.
— Ils m’ont demandé de la dynamite.
— ?….
— Mais j’ai refusé. C’est trop.

— …
— Moi, j’ai compris ce que tu fais.

Il sourit.Cela faisait dix jours que nous avions installé A. B. O., et les événements s’étaient enchaînés comme une mécanique sans cliquet. J’avais dû déposer à la gendarmerie trois départs de feu, plusieurs caillassages, des tags sur toutes les faces, les miroirs éclatés et le banc jeté à la mer.
— Je suis plasticien, c’est-à-dire un artiste qui fait autre chose que des peintures, par exemple je construis des objets et je les installe en extérieur. Là, il s’agit d’un cube rouge posé sur une dune, sur la côte.
— Pour votre truc là, vous aviez une autorisation ?
— Bien sûr, vous savez, je ne m’engage pas dans une telle opération sans vérifier qu’elle est possible. La mairie m’a donné son accord.

J’avais fait la queue, après un vol et une déclaration de port d’arme. Le brigadier m’a reçu dans un bureau où on ne pouvait pas glisser ses pieds sous la table, encombré par les caisses de vin, de Ricard et de toutes sortes d’ex-voto liquides. Venus constater les attaques sur place, l’un d’entre eux eut un air entendu :

— Vous savez, avant j’étais à Paris, près de Beaubourg, ça ne m’étonne pas ce que vous faites, mais ici, ils ne peuvent pas comprendre.

Pour confirmer sa thèse, trois jours plus tard, suite aux proportions que l’affaire prenait, appels téléphoniques, lettres au maire, courriers à la feuille locale, journal télévisé régional, un autre vint faire sa ronde pour inspecter l’outrage.

— Moi, je les comprends les gens.

Il soupire, la mine bougonne et le regard lourd il livre sa sentence :

— J’aurais fait pareil. »

Je ne résiste pas à vous mettre un autre extrait.
Au-delà de l’histoire, quand Renaud m’a envoyé son texte j’avais été saisi par sa qualité d’écriture. Et je vous laisse juge ici, dans cette description d’un village du littoral finistérien. L’auteur est chez un vrai « local », et le texte commence alors que ce dernier lui raconte son monde:

« Terres de destins où tout est bon, car seul compte la capacité à survivre à cette infortune, terres d’égaux devant la mort qui noie les hommes à quelques milles du quai et l’exode qui engloutit les filles qui partent à la ville, filles à bourgeois, choses de peu. L’homme parle et dit l’arrivée des résidences secondaires, d’abord les citadins d’à côté, fiers de montrer la réussite d’après les bombardements, il a fallu reconstruire et ils y avaient des affaires, des commerces, des monopoles lucratifs.Puis les premières automobiles. Les Parisiens. Et ces filles qui se déshabillaient sur la plage, repoussant les gars en bleu galoches sur les roches, à flanc de dunes, le désir interdit, mais il est permis de regarder, elles viennent se montrer chez eux, elles passent, ils demeurent, elles nagent, ils craignent l’eau.

Les bourgeois construisent des néo-bretonnes en parpaings enduits de blanc, rehaussées de parements de granit bien détouré, sur un vide sanitaire et un sous-sol pour garer la voiture, le dériveur en plastique et le fil à linge. Ils dressent des clôtures, plantent des haies et posent des portails. Ils creusent les dunes, y mettent des fleurs que le vent vitrifie, rien ne pousse, ils s’obstinent. En vingt ans, là où les enfants se défiaient en bande lors de parties de gendarmes et voleurs mémorables, un territoire d’herbes rases, envahi de coquelicots et bordé de mousses spongieuses où il faisait bon s’allonger pour chasser les nuages loin des parents et des frères qui houspillent pour un rien, toute cette étendue vague, désolée et un peu sauvage est devenue un espace parcellaire et mort, rempli de maisons vides onze mois sur douze, un parking à berlines neuves, même les chemins, ils les ont recouverts d’asphalte, cailloux et flaques, et la bande herbue du milieu aussi. Les grillages ont été remontés, des extensions bâties, un cabanon en bois traité pour les outils de jardin, un abri pour le barbecue, un tennis où personne ne joue jamais, trop de vent. Une réserve d’inutilités.

Aujourd’hui, ils ont vendu ou sont venus y passer leurs retraites. À tondre, à jardiner, à s’ennuyer, monsieur madame ensemble comme jamais auparavant, dans l’espoir de se voir confier leurs petits-enfants, dans l’attente qu’ils s’en aillent et les laissent au silence, à ressasser l’époque, à se regarder vieillir, le corps qui se voûte dans l’humidité froide, la maison un jour pimpante qui désormais s’oxyde et noircit face à la mer, indifférente et hostile, les volets crochetés tout l’hiver, de peur d’être emportés si jamais ils les ouvrent. »

Cela ne vous donne pas envie de lire? Moi, cela m’a donné envie de publier! https://nautilus-editions.com/produit/onnevoitpluslamer/

Et j’oubliais: comme Renaud est artiste plasticien, il a agrémenté le texte de 22 dessins originaux 😉 A découvrir aussi.

Moitessier

Le bateau s’appelle Joshua. Son skipper (et auteur de la photo) Bernard Moitessier. Je ne sais pas ce qui m’a décidé à vous proposer cette photo aujourd’hui. Ce n’est pas un anniversaire (Moitessier était né le 10 avril 1925, et mort le 16 juin 1994). Il n’y a pas de raison spéciale. A part la place que cet homme et ce bateau ont joué dans la vie de centaines de milliers de marins. Et dans la mienne.

Vous connaissez sans doute l’histoire: le navigateur français s’était inscrit pour disputer le Golden Globe, la première course autour du monde en solitaire et sans escale, en 1968. Son voilier, Joshua, était rustique: une coque en acier, un poteau EDF comme mât. A propos de ce bateau, j’ai cru lire ce commentaire, des années plus tard, de la part d’Olivier de Kersauzon: «le compromis idéal entre le coffre-fort et le sous-marin ». C’est dire qu’il était costaud, mais pas rapide. Ce qu’il fallait finalement, en 1968, sur un tel parcours. Car après 7 mois de course, Moitessier est en tête alors qu’il remonte l’Atlantique. Il a tellement d’avance qu’il ne peut plus perdre. Sauf qu’il fait soudain demi-tour et dépose ce message d’abandon, destiné au comité de course, à un navire  croisé devant Le cap, en Afrique du Sud : « Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme. » 

La légende Bernard Moitessier est née ce jour-là. L’homme qui refuse la gloire car il y a plus important. Il y a la vie. Il y a sa propre vision du bonheur et de l’accomplissement. Moitessier avait pris la mer car il voulait écrire, il avait des choses importantes à partager et avait besoin de temps, au calme, pour les coucher sur le papier. Il s’était rendu compte, en route vers la victoire, qu’il était très loin d’avoir atteint ce but, d’avoir fini ce livre. Et continuer, franchir la ligne, gagner la course, l’aurait emporté dans un nouveau tourbillon, médiatique, où on l’aurait à la fois privé de temps calme pour écrire, et poussé à produire très vite le récit de sa course pour profiter de l’instant de gloire. Ce qu’il aurait écrit à la va-vite ne pouvait être que décevant. Le tour du monde n’aurait alors servi à rien. Dans ces conditions, parti de Plymouth pour y revenir, c’était comme partir de nulle part pour arriver nulle part. Alors autant ne pas y aller.

Il a donc rejoint la Polynésie où il a mis trois ans pour écrire ce qu’il souhaitait écrire. Son livre, «La longue route», paru chez Arthaud en 1972, est devenu la bible de tous les navigateurs des années 70. Une référence absolue. Un récit à la fois marin et philosophique. Un très grand livre. Et un best-seller.

J’ai eu la chance de connaître Bernard Moitessier. D’abord en me retrouvant à côté de lui pour une signature, au Salon Nautique, dans les années 80. Je n’ai quasiment rien vendu car il y avait une telle foule pour le skipper de Joshua que mes propres et rares lecteurs n’arrivaient même pas jusqu’à moi… Mais quel bonheur que cet après-midi à ses côtés. Je n’ai vendu que deux livres, et j’en ai acheté un, que j’avais pourtant déjà dans ma bibliothèque: « La longue route », que Bernard m’a gentiment dédicacé. 

Puis je l’ai recontacté, pour le plaisir, sous prétexte d’un portrait pour L’Express, où je travaillais alors. Je l’ai vu à plusieurs reprises. Il me donnait rendez-vous dans la piscine de Vanves. Dans le grand bain. Puis nous allions déjeuner dans un petit restaurant marocain qu’il aimait beaucoup, avant de rejoindre l’appartement de sa compagne, où il vivait. On s’asseyait par terre. Il faisait du thé. On parlait. Des oiseaux volaient dans la pièce, libres (leur cage était toujours grande ouverte). Il parlait. Il racontait avec parfois de grands moments sans paroles. Et j’écoutais. 

Même après la parution de l’article, je suis retourné le voir plusieurs fois. Le rituel était immuable: il parlait, j’écoutais, osant quelques questions quand les silences me paraissaient trop lourds. Il écrivait ce qui sera son dernier livre, «Tamata et l’Alliance» (Arthaud, 1993). Un an plus tard, le cancer le terrassait. Et je peux dire aujourd’hui que j’ai pleuré en apprenant la nouvelle. 

Bernard n’était pas un être parfait, mais c’était un homme d’exception. Quand je repense à lui, il m’arrive une chose dont il serait je pense heureux: je souris. 

Alors, je vous laisse sur quatre phrases signées Bernard Moitessier, et qui m’accompagnent depuis des années: 

« Tout ce que les hommes ont fait de beau et de bien, ils l’ont construit avec leur rêve… »

« Dieu a créé la mer et il l’a peinte en bleu pour qu’on soit bien dessus. »

« On ne se trompe jamais en pardonnant. »

« Il faut bien admettre que l’espèce humaine est conduite par des hommes à moitié fous. Espérons que les femmes sauront un jour se réveiller pour préserver la vie. »

Bonne semaine à tous, bon vent et belle mer à ceux qui ont la chance d’être au large ou d’y aller.

Sagesse du poulpe

Pour la première fois depuis 16 ans et le début de la « photo de mer (pour bien commencer la semaine) », je vais vous parler d’un documentaire Netflix… 
Vous avez peut-être déjà entendu son titre: « La sagesse de la pieuvre ». Le titre anglais est plus précis: « My octopus teacher »
Avant de vous parler du documentaire lui-même, deux remarques pour préciser des points de vocabulaire. 
1. La pieuvre est un animal qui n’existe pas. Il y a des poulpes (octopus en anglais), des calamars, des seiches, mais point de pieuvres. Pourtant, le mot est entré dans le vocabulaire de beaucoup de Français. La faute à… Victor Hugo. C’est lui qui invente le mot dans « Les travailleurs de la mer » pour décrire un monstre marin inspiré du poulpe qui va affronter un pêcheur dans un combat épique. 
« La pieuvre n’a pas de masse musculaire, pas de cri menaçant, pas de cuirasse, pas de corne, pas de dard, pas de pince, pas de queue prenante ou contondante, pas d’ailerons tranchants, pas d’ailerons onglés, pas d’épines, pas d’épée, pas de décharge électrique, pas de virus, pas de venin, pas de griffes, pas de bec, pas de dents. La pieuvre est de toutes les bêtes la plus formidablement armée.

Qu’est-ce donc que la pieuvre ? C’est la ventouse. (…)

Une forme grisâtre oscille dans l’eau ; c’est gros comme le bras et long d’une demi-aune (1) environ ; c’est un chiffon ; cette forme ressemble à un parapluie fermé qui n’aurait pas de manche. Cette loque avance vers vous peu à peu. Soudain, elle s’ouvre, huit rayons s’écartent brusquement autour d’une face qui a deux yeux ; ces rayons vivent ; il y a du flamboiement dans leur ondoiement ; c’est une sorte de roue ; déployée, elle a quatre ou cinq pieds de diamètre. Épanouissement effroyable. Cela se jette sur vous.(…)

Cette bête s’applique sur sa proie, la recouvre, et la noue de ses longues bandes. En dessous elle est jaunâtre, en dessus elle est terreuse ; rien ne saurait rendre cette inexplicable nuance poussière ; on dirait une bête faite de cendre qui habite l’eau. Elle est arachnéide par la forme et caméléon par la coloration. Irritée, elle devient violette. Chose épouvantable, c’est mou.

Ses nœuds garrottent ; son contact paralyse.

Elle a un aspect de scorbut et de gangrène ; c’est de la maladie arrangée en monstruosité. »
Modérons tout de suite: les poulpes sont des animaux très intelligents et ne s’attaquent pas à l’homme. Mais Hugo avait besoin d’un monstre, pas d’un animal réel. Il écrivait un roman, pas une fiche biologique. « My octopus teacher », en revanche, est un documentaire. On aurait aimé que la traduction française n’utilise pas le nom d’un animal imaginaire…
2. Pour ceux qui regarderons le documentaire, ils verront le poulpe attaquer un « homard ». Les traducteurs se sont encore trompés: les images sont claires: ce homard est une langouste…

Ceci dit, pour ceux qui ont Netflix, précipitez-vous sur ce passionnant et envoûtant documentaire. 1h28 incroyable. Une plongée dans un autre monde. « My octopus teacher » est nommé aux Oscars dans la catégorie « Documentaire ». C’est mérité. On sort de ce visionnage à la fois ému, bouleversé et enthousiaste. Bravo aux auteurs, Pippa Ehrlich et James Reed, mais surtout à Craig Foster, le Sud-Africain du Cap qui a réussi à devenir ami avec un poulpe. Sur la photo, c’est lui qui nage (sans combinaison et en apnée) avec son ami céphalopodes, dans de l’eau à 9° C…

Mini-Transat, la plus grande

Cette photo a une histoire. Je l’ai prise au large de la Martinique, en 1987. Ce que vous voyez, c’est l’arrivée de Gilles Chiorri dans la Mini-Transat 2007. J’aime la sorte de « V » de la victoire que fait le jeu du soleil dans les nuages. La lumière est douce, il faisait chaud. Mais au-delà de la photo, il y a les souvenirs. Car je suis resté amis avec deux autres participants de cette course. 
D’abord avec la skipper ayant gagné la première étape, qui termina troisième au classement général: Isabelle Autissier. C’était la première course au large de celle qui était alors une ingénieure agronome, spécialisée en halieutique, passionnée par la voile. C’était aussi la première victoire d’une femme dans une étape de course transatlantique. Isabelle aura d’autres « premières » dans sa carrière mais celle-ci  était… la première. Ce que j’aime toujours chez cette femme, c’est aussi qu’elle ne s’est pas « contentée » d’une renommée sportive. Ecrivaine talentueuse (déjà nommée dans la liste pour le Goncourt!), elle est aussi depuis dix ans la présidente active du WWF France et travaille pour préserver l’environnement. C’est une femme incroyable.
Ensuite avec un gamin à peine plus jeune que moi à l’époque. Il avait vingt ans et avait franchi le premier l’arrivée de la seconde étape. Ce qui était exceptionnel car il courrait avec un bateau de série et avait battu des prototypes, supposés plus rapides. Il avait tellement allégé son bateau que tout ce qui lui restait à l’arrivée tenait… dans un seau. Il dormait sur les voiles inutilisées, mangeait des rations de survie, avait coupé la brosse à dents en deux comme l’étiquette de la marque de son ciré pour ne pas transporter des poids inutiles, et jeté par-dessus bord tout ce qui n’était pas indispensable à la bonne marche du bateau. C’est ainsi, par mégarde, qu’il avait balancé… une enveloppe de billets de banque devant servir aux dépenses à terre en arrivant. Il avait fallu se cotiser pour qu’il puisse acheter des chaussures. Son nom: Laurent Bourgnon. Un type adorable qui, quelques mois plus tard, remportera la Solitaire du Figaro. Et quelques années plus tard, la Route du Rhum, deux fois. Et pas seulement: il sera nommé à quatre reprises champion du monde des skippers. Laurent a disparu il y a six ans alors qu’il plongeait en Polynésie. C’était un homme incroyable.
Cette Mini-Transat 1987 restera dans ma mémoire, d’autant qu’elle est ravivée à chaque fois que je vois Isabelle ou que je pense à Laurent. Quant à cette photo, elle avait été publiée en double page dans le magazine Voiles et Voiliers, pour illustrer l’article sur la course. Encore un grand souvenir pour le jeune journaliste que j’étais à l’époque. 

Libre à Dakar

Cette photo a été prise ce week-end à Dakar, par mon ami Frédéric Pie. Après l’Océanie et l’Amérique du Sud, le voici en Afrique. Fred a liquidé tout ce qu’il avait pour être libre de voyager et d’écrire. Tout. Il n’a plus de maison, plus de voiture, plus de moto, plus de costumes, plus de livres… Tout ce qu’il a tient dans un sac de voyage. Et il écrit. Il vient de sortir un magnifique « Libre. Ecrire sur les chemins du monde ». Et je ne résiste pas à vous livrer un extrait de ce livre d’un véritable écrivain-voyageur, écrit alors qu’il était en Argentine, il y un an: 


« 4 juin

Hier, je suis allé me perdre dans les dunes, pour me retrouver.

Je marchais au hasard, guidé par la présence des vagues dans le lointain, par la musique du vent dans mes oreilles, par le soleil qui me faisait de l’œil.

À un moment, éloigné de tout et à l’abri d’une dune je n’entendis plus que le silence. Un silence parfait, pur, décapé du moindre son et du vacarme assourdissant des nouvelles du monde.

Hier, je suis allé longuement marcher sur la plage, à marée basse. L’océan Atlantique était d’humeur pacifique. Quelques vaguelettes à peine venaient jouer à mes pieds. Le seul spectacle de trois baleines dans la baie, sous mes yeux émerveillés de les voir jaillir des profondeurs pour retomber dans des éclaboussures magistrales, suffit à justifier ces mois de voyage et ces jours immobiles. J’étais précisément là où je devais me trouver, au zénith de ma vie.

Hier, j’ai attendu que l’aurore surgisse, toute vêtue de rose et de bleu ciel, comme une vendeuse de grenouillères qui viendrait faire l’article dans une maternité.

– « Comment s’appelle ce beau jour qui vient de naître ? Tenez, ce bleu pâle lui ira à ravir… »

– « Et comment s’appelle cette jolie journée ? Regardez cette petite robe rose que je vous propose… »

Dans le doute, j’ai pris les deux.

Alors, en sortant de la clinique de la nuit et de l’examen pédiatrique et météorologique d’usage, je me suis hâté vers l’observation paisible de tout ce qui se jouait sous mes yeux.

Comme chaque matin, le soleil encore timide m’apportait des nouvelles d’Afrique. Les herbes dansaient dans les dunes caressées par le vent qui avait laissé ses bourrasques au vestiaire. L’Argentine était toujours immobilisée dans son confinement qui frisait l’absurde, pétrifiée par les statistiques de la mort qui rôde aux abords de la vie.

Hier, dans mes heures de marche solitaire en pleine nature, heureusement loin des préoccupations des hommes qui ont visiblement renoncé à imaginer un monde d’après, j’ai glané quelques trésors.

Oh ! des choses toutes simples, presque insignifiantes, de celles qui ne feraient pas les titres des journaux, qui ne nourrissent pas les commentaires haineux des réseaux si peu sociaux ou dont les images n’intéressent guère les colporteurs d’angoisse du journal télévisé.

J’ai vu des mouettes et des goélands qui se contemplaient dans le miroir bleuté de l’eau à marée basse, avec des airs de facétieuse coquetterie et des cris de pucelle comme ceux que poussent de jeunes adolescentes quand elles laissent libre cours à leur frivolité.

J’ai vu des cœurs blancs dessinés par des moules sur le gris des rochers, vestiges amoureux, traces de bonté à l’adresse du monde ou graffitis pour rappeler au promeneur son unique serment : ne dépenser ses jours qu’à aimer, sans relâche, sans se laisser corrompre par la noirceur des hommes.

J’ai vu des signes cabalistiques dans le sable mouillé, des plumes dessinées par les vagues battant retraite, comme si l’océan écrivait ses mémoires et témoignait des combats telluriques qui se jouent dans ses entrailles. La plage entière était un livre d’aventure à ciel ouvert. Des milliers de coquillages avaient, comme moi, abandonné leur coquille trop pesante. Ils avaient aussi découvert que la légèreté et la joie de vivre sont de meilleures protections qu’une paroi de nacre ou un titre de propriété.

Hier, à mesure que je suivais mes pas qui traçaient mon chemin vers cette chasse au trésor, je contemplais la lumière dorée des falaises de cette péninsule qui se découpait impeccablement sur le bleu franc du ciel.

Le regard accroché à ce spectacle éternel dont je n’étais qu’un frêle instant suspendu, au-dessus du vide de l’Univers, je repensais à tous les hommes qui m’avaient précédé. Je ne parle pas de ceux qui font chaque jour la une de l’actualité en tuant, en défilant, en insultant ou en gouvernant avec maladresse ou démesure. Je parle de ces hommes discrets et oubliés mais dotés d’un cœur palpitant, qui, par leur seule présence, humble ou anonyme, ont su soutenir le monde, préserver et transmettre sa beauté, comprendre la leçon que nous enseigne la nature, et aimer la vie, démesurément, jusqu’à leur dernier souffle.

Hier, en pensant à ces hommes, j’ai compris comment on devient immortel.

En contemplant les tractations subtiles qui animent la mer, la terre et le ciel, visant à tracer à chaque instant des frontières entre leurs natures changeantes, je suis rentré de ma promenade en repensant à cette jolie citation de Georges Pérec :

« Décrire l’espace, le nommer, le tracer comme ces faiseurs de portulans qui saturaient les côtes de noms de ports, de noms de caps, de noms de criques, jusqu’à ce que la terre finisse par ne plus être séparée de la mer que par un ruban continu de texte. »

C’était hier… »
 

Ce livre est un bonheur de 484 pages, et nous sommes très fiers de l’avoir édité.
https://nautilus-editions.com/produit/libre/

Ouessant et Ondine

Ondine Morin, ligneuse à Ouessant, est aussi guide spécialiste de l’histoire de son île. Elle me permet de reprendre ici une histoire et une photo qu’elle a publiées dans sa dernière lettre d’information: 

Elles vendaient le vent aux navigateurs

Les prêtresses d’Ouessant. Au nombre de neuf, leur cheffe se prénommait Iolla. Elles étaient les sages de l’île, des ancêtres respectées au doux visage d’enfant. Les vertus rajeunissantes de la source du Stankou n’ont aucun secret pour elles. Le vent, elles le connaissaient, le côtoyaient, parfois même semblaient-elles le dompter. Surtout, elles avaient une connaissance infinie du ciel et savaient y prédire le temps. Aussi, grâce à leurs observations, elles étaient consultées pour savoir si le Rugenn allait assécher l’île rapidement ou s’il fallait continuer à subir les affres du Mervent et attendre encore plusieurs semaines avant de semer. Considérées comme des augures, elles rendaient des oracles au Cromlec’h. De ce promontoire sacré dont les pierres avaient été subtilement placées par leurs ancêtres, elles cartographiaient le ciel, tiraient des alignements pour suivre le mouvement des astres et ainsi savaient prédire la danse de la Lune. Son influence sur les marées était déjà connue.

Ce sont elles qui accueillaient les navigateurs. Uxisama était bien connue de tous les marins explorateurs. Cette île de haute mer offrait un havre de paix où l’on pouvait échouer son navire à marée basse sur des bancs de sable. Encore fallait-il pouvoir aborder Uxisama. Parfois cette île ne sortait même pas des brumes. D’autres fois des torrents sous-marins la cernaient, rendant toutes les tentatives d’approche impossibles voire même funestes. Mais quand elle désirait se laisser accoster, cette terre du grand offrait aux explorateurs un véritable Eden. Eau douce à volonté au cœur de cette île cultivée où paissaient moutons, chèvres et bœufs. Un climat doux et océanique y régnait et apportait autant de chaleur que l’accueil des îliens. 

Jamais n’étaient oubliées les offrandes pour les déesses et les dieux d’Uxisama. En échange de ces cadeaux d’une valeur inestimable, les prêtresses, après les avoir enfouis au cœur des fosses sacrées du temple d’Uxisama, se rendaient au Cromlec’h puis divulguaient leurs augures aux marins. Elles vendaient ainsi le vent aux navigateurs… »

Merci Ondine! 
Pour recevoir sa lettre: https://www.kalon-eusa.com/

Lesseps

Cette photo (dont je n’ai pas trouvé l’auteur) a été prise en novembre 1869, après l’inauguration du canal de Suez. Le choix de la photo, vous l’avez compris, est lié à l’actualité. Mais cela ne suffit pas. Quand j’ai entendu « canal de Suez », j’ai pensé Lesseps. Pas Ferdinand de Lesseps, le père du canal, mais son oncle, Jean-Baptiste Barthélemy de Lesseps. Un homme qui a marqué l’histoire de la navigation française alors qu’il n’était nullement marin, mais diplomate. Un homme grâce à qui on a pu savoir ce qui s’était passé pendant au moins la moitié du tour du monde de Jean-François de Lapérouse.

Un peu d’histoire.

Né en 1766, Lesseps n’a que 19 ans quand il embarque à bord de l’Astrolabe, en 1785. Mais c’est une sorte de surdoué. Il a grandi entre Hambourg, Saint-Petersbourg et la France. A douze ans, il parle couramment le russe, l’allemand, l’espagnol et bien sûr le français. Nommé vice-consul de France à Cronstadt (ville russe sur la Baltique), il est chargé d’apporter d’importantes dépêches à Louis XVI en 1785. A Versailles, il voit le roi, mais aussi Paul Fleuriot de Langle, commandant en second de l’expédition de Lapérouse.  C’est ce dernier qui demande au roi de faire embarquer Lesseps comme interprète franco-russe. Le jeune aristocrate se retrouve dans la plus ambitieuse expédition scientifique française lancée par Louis XVI. Mais allons à l’essentiel : après un demi-tour du monde, la Boussole et l’Astrolabe se retrouvent au Kamtchatka, en Russie, dans le port de  Saint-Pierre & Saint-Paul, devenu Petropavlovsk.

Lapérouse charge alors Lesseps de rapporter à Versailles tous les documents, journaux, cartes, notes, liés à la première partie de l’expédition. Il lui demandait donc d’effectuer, avec un chargement non négligeable en volume et en valeur scientifique, un parcours de 16 000 kilomètres à travers la Russie et l’Europe de la fin du XVIIIe. Bloqué longtemps au Kamtchatka par l’hiver, il lui fallut treize mois de voyage pour atteindre Versailles, le 17 octobre 1788, en utilisant tous les moyens de transport qu’il pouvait trouver. Un voyage qui devint un succès éditorial quand il publia, en 1790, le récit de son voyage sous un titre choc : « Journal historique du voyage de M. de Lesseps, consul de France, employé dans l’expédition de M. le comte de la Pérouse en qualité d’interprète du roi ; depuis l’instant où il a quitté les frégates françaises au port Saint-Pierre et Saint-Paul du Kamtchatka jusqu’à son arrivée en France le 17 octobre 1788 ». Pas sûr qu’un éditeur ne trouverait pas plus court aujourd’hui. Mais le récit est fantastique. Comme les textes et notes envoyés par Lapérouse. 

On connait la suite : avant même que Lesseps arrive à Versailles, la Boussole et l’Astrolabe s’étaient éventrés sur les récifs de Vanikoro. Et aucun survivant n’a jamais pu être retrouvé, ni d’autres notes et documents, scientifiques ou pas. Sans Lesseps, rien n’aurait été sauvé de l’expédition Lapérouse. 

En 1869, donc, son neveu, Ferdinand de Lesseps, entrait aussi dans l’histoire en creusant le canal de Suez. Mais c’est une tout autre histoire.

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