Il y a des plaisanciers qui vérifient leur cap sur une carte routière. Et ceux qui louent un bateau à voile sans savoir même les hisser et appellent au secours quand ils sont en panne d’essence. A chaque fois, les sauveteurs de la SNSM lâchent tout pour aller en mer les secourir. Et il y a les grandes urgences, les drames. Quand de vrais marins ont une avarie sérieuse, avec une mer difficile, voire impossible. Encore, les bénévoles affrontent les éléments, au risque de leur vie, pour les sauver. La plupart du temps, ils interviennent à la demande du Cross, donc des services de l’Etat dont ils sont, avec la Marine nationale, une composante essentielle du sauvetage en mer. Combien de vies leur doit-on ? Impossible de compter. Il y en a trop. Alors, quand des stations se mettent en indisponibilité, quand des bénévoles disent vouloir raccrocher le gilet, on se demande pourquoi les décideurs politiques, si prompts à réagir d’habitude, sont si silencieux. Un patron de la SNSM est aujourd’hui menacé d’une lourde peine pour une faute supposée alors qu’il essayait de sauver des pêcheurs en détresse. Peut-être a-t-il commis une erreur. Peut-être pas. Mais je constate surtout qu’il est seul face à la justice. Quand un policier ou un gendarme est poursuivi, l’Etat intervient pour sa défense. Quand c’est un ministre, il a le droit à une justice d’exception avec la Cour de Justice de la République. Le bénévole de la SNSM n’a pas ces privilèges. Et même le ministre se tait. Alors, pour avoir donné son temps et risqué sa vie pour les autres tant de fois, le sauveteur devrait au moins avoir le soutien de ceux au nom de qui la justice est rendue : le peuple français.
Photo Jeff Photographies/SNSM