Cette photo est le symbole de plusieurs éléments puissants. L’espoir, déjà, avec ce nouveau bateau de la Société Nationale de Sauvetage en Mer qu’on imagine allant au secours de marins en détresse. Pour ces derniers, l’arrivée de la vedette verte et orange est une lumière magnifique. Aussi puissante que ce soleil qui perce sous les nuages gris foncés. Un spectacle que l’on voit en mer avec des sentiments mitigés: la beauté (les rayons lumineux) mêlés à la menace (les nuages annonciateurs de temps difficiles). Heureusement, il y a les balises qui indiquent au barreur le bon cap pour ne pas se mettre en plus grande difficulté en touchant des cailloux peut accueillants… Elles sont discrètes, mais bien présentes, grâce au service des Phares en Balises. Le marin les cherche, les guette, les désire, les craint aussi car s’ils ne les trouvent pas, il connaît la menace. On sait ce qu’il advient à ceux qui, ayant ignoré ou manqué les marques, ce sont retrouvés trop proches des roches: « Qui voit Ouessant voit son sang, qui voit Molène voit sa peine, qui voit Sein voit sa fin… » Bien sûr, les instruments modernes de navigation peuvent aider le skipper, mais un satellite est-il aussi fiable et précis qu’une balise ou un phare?
Enfin, il y a la mer. Ici, on la sent mauvaise joueuse, pas désireuse d’aider à la progression du bateau. Il y a des moments où, se dit-on, elle préfère que les hommes la laissent tranquille, n’essaient pas de venir à sa rencontre. Elle monte alors sur ses grands chevaux qu’on appelle des vagues. Voire sur du méchant clapot. Histoire de faire peur aux hésitants et aux trop audacieux. Mais les sauveteurs de la SNSM ne sont ni l’un ni l’autre. Ce sont des marins dont la mission et l’honneur sont d’aller porter secours à ceux que, justement, la mer a maltraité, ou qui ne l’ont pas assez respectée en s’aventurant au large mal équipés, non préparés, sans réfléchir assez à sa puissance. Tous seront aidés. Et, une fois rentrés au port, secourus, ils apprendront l’humilité, indispensable à la survie des gens de mer. « Il y a trois sortes d’hommes, aurait dit Platon (à moins que cela soit Aristote, les avis divergent…). Les vivants, les morts, et ceux qui vont en mer« . Il aurait pu en rajouter une quatrième: ceux qui reviennent de mer…
Christophe Agnus
Photo NSH1 SNSM ©COUACH BARREAU-NEUMAN
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