Les grands marins sont éternels

Quand j’ai commencé à faire de la voile, le Tempest et le Dragon étaient encore des séries olympiques. Les frères Pajot étaient les champions du monde de Flying Dutchman. Je ne sais pas si les candidats à l’équipe de France de voile pour les jeux de 2024 sont capables de décrire ces bateaux, et même s’ils en connaissent le nom. Entre temps, le Tornado est arrivé, avant de quitter la scène. Et on a vu s’imposer les 470, la planche à voile, les Laser, les 49er, les Nacra 17 et, comme sur la photo, le Formula Kite, soit un kite surf équipé d’un foil. Précision sur cette dernière série : elle se dispute par équipe mixte. Evolution du monde ? Pas tant que cela : c’est le même, en plus rapide, plus extrême parfois, même si un déboulé au portant dans une manche de brise reste à la fois amusant et stressant quelle que soit l’embarcation, quelle que soit l’époque. Et rappelons-nous qu’en 1928, la France avait remporté une médaille d’or en voile aux jeux olympiques avec un équipage mixte. Mieux : Virginie Hériot, la skipper du bateau vainqueur, était la seule femme de la compétition.

Cette grande dame de la voile, qui sera décorée de la légion d’honneur, faite « quartier-maître d’honneur » de la Marine nationale et désignée comme « l’ambassadrice de la mer », va mourir malheureusement trop jeune, quatre ans plus tard, suite à une blessure reçue pendant un coup de vent en Méditerranée. Cette riche héritière, qui vivait sur une goélette de 45 mètres, avait gagné le respect de son équipage de marins bretons en ne désertant jamais le pont lors des tempêtes. Alors, en regardant les images de Formula Kite, je me dis qu’elle aurait peut-être aimé essayer ce sport. 

Christophe Agnus 

Photo © Sailing Energy

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