Qui se souvient de Juan Sebastian Elcano ? Il y a presque 502 ans, ce marin basque espagnol bouclait le premier tour du monde à la voile jamais réalisé. Il avait pris la relève de son premier commandant, mort pendant le voyage, et connu lui sous le nom de Magellan. Et voilà que, dimanche, à 13h30, six marins vont aussi s’élancer pour faire le tour du globe à la voile. 502 ans après, les bateaux ne sont plus les mêmes. La Victoria du XVIème siècle faisait 28 mètres de long pour 85 tonnes, avec un équipage de 45 personnes. Les skippers du XXIème siècle seront seuls à bord de trimarans de 32 mètres et environ 15 tonnes. Ils espèrent revenir à leur point de départ en moins de 50 jours (record à battre : 42 jours), alors qu’il a fallu attendre 3 ans et 29 jours pour revoir la Victoria…
Les époques changent, les technologies évoluent, restent les marins et la mer. Il fallait un courage énorme pour quitter Séville en 1519, cap vers un monde inconnu. Il en faut aussi pour affronter les terribles « mers du Sud » à bord de machines gigantesques, inconfortables et terriblement bruyantes. Bien sûr, grâce aux moyens de communication modernes, ils seront suivis en permanence par les équipes à terre. Mais ils n’en resteront pas moins seuls dans la grande houle des 40èmes rugissants, à gérer un gréement portant 700 m2 de voile ou à négocier des déboulés à plus de 45 nœuds (80 km/h). Alors, pour saluer ces marins s’attaquant à une première maritime (un tour du monde en Ultim), j’ai envie de reprendre la première phrase d’un article que j’avais écrit dans L’Express en 1989, pour saluer le départ des premiers concurrents du Vendée Globe : « C’est dur d’être un héros… »
Et bonne année à tous! Avec bon vent, belle mer!
Christophe Agnus
Photo Eloi Stichelbaut – polaRYSE / Gitana S.A