Les yeux des Terriens

Ils sont les skippers, les capitaines de ceux qui restent à sec. Les enjoliveurs de réalité, ceux qui nous font frissonner au chaud en regardant de l’eau froide voler dans tous les sens, qui arrivent à nous donner l’illusion d’être en mer même calés dans notre fauteuil… Les grands photographes ou vidéastes de mer sont des magiciens. Ils nous donnent leur vision de la réalité afin qu’elle devienne la nôtre, réinventent la vie à force de téléobjectif aplatissant les distances, de grand-angle les déformant, ou en jouant sur la profondeur de champ ou la vitesse d’exposition. Mais qu’importe qu’ils truquent la vérité : la leur est souvent plus belle, plus forte, et finalement plus vraie. Sans eux, les grandes courses ne seraient plus les mêmes. Elles perdraient de leur magnificence, se résumeraient à des marins naviguant pour savoir qui va le plus vite. Bref, à une régate. Pas une aventure. Sans les images, il manque une dimension aux Terriens : celle des outils du rêve. Qui n’a pas vu un Ultim dans une gerbe d’écume ne peut imaginer ce que vivent leurs skippers. Qui n’a pas vu des voiliers forçant leur passage dans des vagues couvertes d’écume, comme dans cette magnifique photo de Jean-Marie Liot, ne peut imaginer l’effort et le talent des marins les menant. Chaque image enrichit notre imaginaire pour nous permettre, ensuite, de suivre les concurrents sur le parcours complet. Armé de ces photos, de ces vidéos, le spectateur resté à quai peut se projeter son film, visualiser les difficultés des skippers, vibrer à leurs réussites. Pour qu’il y ait, par la magie du talent des preneurs d’images, des milliers, voire des millions, de gens en mer…

Christophe Agnus

 Photo Jean-Marie Liot/Alea

Suivez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Instagram