Il devait y avoir 14 immeubles avec vue sur mer, à 200 mètres de la ligne de marée. Deux ont été construits à Soulac-sur-Mer. Il ne reste plus rien, même pas cette ruine détruite au début 2023. Elle était vide bien sûr, depuis 2014. Pourquoi ? La mer. Qui avance. Qui mange le trait de côte, grignotant 5 à 8 mètres tous les ans dans cette zone de Gironde. Et qui n’est plus qu’à 20 mètres… Le promoteur a fait faillite mais saluons le choix judicieux du nom de son ensemble : le Signal. Espérons que tous l’ont saisi. Signal qu’on ne peut plus faire n’importe quoi sans respecter la nature. Signal que, sinon, le prix à payer est exorbitant. Sous l’effet du changement climatique, d’autres factures arrivent. Actuellement, aux États-Unis, le niveau du Mississippi est si bas que, pour la deuxième année consécutive, d’importantes restrictions de navigation ont été imposées. Des bancs de sable et des épaves ont refait surface, des pontons sont désormais à sec… Or ce fleuve est la plus importante voie fluviale du monde pour la circulation des matières premières. Imaginez l’impact économique. De plus, comme l’écrit la Banque Mondiale, « alors que nous commençons tout juste à comprendre l’importance des fonctions écologiques des océans, le changement climatique les altère déjà ». Alors, pour ne pas plomber l’ambiance dès ce lundi matin, je conclurai sur une note positive : les océans ont, comme la nature en général, une formidable capacité de résilience. Dès qu’on les respecte, qu’on les laisse souffler, se régénérer, ils reviennent plus en forme. Encore faut-il le faire. Pour l’un de mes livres, je dédicace souvent en écrivant « la mer est une passion à entretenir et un monde merveilleux à mieux connaître et protéger ». Je persiste et signe.
Christophe Agnus
Photo Anthony Baratier