Le Français

J’ai toujours aimé les photos « mi-air & mi-eau ». J’ai le souvenir d’une photo de David Doubilet, dans National Geographic, avec un sous-marin d’exploration au premier plan, sous l’eau, et… le mont Fuji en arrière plan. Magique. 

Pour y arriver, il faut être très (très) près du sujet car cela n’est possible qu’au très grand angle. D’où l’intérêt redoublé pour la Photo de la Semaine, prise ce week-end entre les Pierres Noires et le phare de la Jument à Ouessant par le photographe brestois Ewan Lebourdais. Ici, le sujet n’est pas statique, ne prend pas la pause : il avance, sous voiles, à 5 ou 6 nœuds. Pour Ewan Lebourdais, il a fallu se positionner à l’avance, anticiper l’arrivée du bateau, en étant le plus proche possible à cause du grand angle de 14 mm. Et il n’avait que quelques secondes, au mieux, pour immortaliser la scène, le voilier arrivant à pleine vitesse sur lui. S’il manquait son coup, il lui fallait se repositionner plus en avant, encore et encore, jusqu’à faire la bonne image. Dans tous les cas, une sacrée performance, surtout quand on voit le résultat, magistral.

Autre intérêt de la photo : le sujet. 

Construit en 1948 au Danemark,  le trois-mâts barque Kaskelot (son nom d’origine) était un navire baltique traditionnel. Dans les années 1960, il a servi de navire de soutien à la pêche dans les îles Féroé. Il a ensuite connu une vie de star en étant utilisé dans de nombreuses productions télévisées et cinématographiques, notamment Les trois Mousquetaires, Shackleton et David Copperfield. Rebaptisé Le Français, en hommage au trois-mâts goélette du commandant Charcot ayant participé à la première expédition de l’explorateur en Antarctique, il va désormais servir de navire école. Voici ce que dit Ewan Lebourdais : « Il est utilisé de manière récente par l’association du Grand Voilier École dans le but d’embarquer 1000 jeunes dès cette année pour faire émerger des choses en eux grâce à la mer et à la navigation. C’était leur première sortie pour inaugurer la marche la promotion complète 2020 de l’école navale. » Il n’y a pas de meilleur endroit que le pont d’un voilier pour sentir la mer, le vent, les éléments océaniques. Et il y a peu de situation aussi riche qu’une longue sortie en mer pour voir se révéler les caractères, tomber les égos. Face à la mer, face aux éléments, on ne peut pas tricher longtemps. Le regretté Père Jaouen l’avait bien compris, qui faisait traverser l’Atlantique à des gamins délinquants sur les vieux voiliers Bel Espoir et Rara Avis. En quelques semaines de mer, ils réapprenaient la vie, le rapport aux autres, la vie en société, l’entraide et la notion de responsabilité. Le taux de récidive était très (très) bas. 

Dans un tout autre genre, c’est parce qu’elle considérait qu’il n’y avait pas de meilleure école pour un marin que de naviguer à la voile que Virginie Hériot avait offert une flotte complète de voiliers de compétition à l’Ecole Navale, dans les années 20. Aujourd’hui, toutes les promotions naviguent sur les voiliers-écoles Etoile, Belle-Poule ou Belle Hermine

Dans cette liste de bateaux-école, on peut maintenant ajouter Le Français. Une belle image pour un beau symbole.

Pour en savoir plus sur ce bateau : https://www.lefrancais.info/

Pour en savoir plus sur le projet de Grand Voilier Ecole : http://www.asso-gve.fr/

Et pour voir d’autres photos d’Ewan Lebourdais : www.ewan-photo.fr

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