La vraie nouvelle frontière

En 1979, des scientifiques américains sont à bord de l’Alvin, un sous-marin de poche appartenant à l’US Navy mais opéré par un grand laboratoire de recherche océanographique, le Woods Hole Oceanographic Institute. Ils plongent 2,5 kilomètres sous la surface de l’océan Atlantique pour étudier des structures minérales ressemblant à des termitières et d’où s’écoulent des fluides chargés en minéraux, souffre et gaz divers, découvertes deux ans auparavant. Arrivés au fond, l’un des scientifiques interroge la surface  : 

– « Si je ne me trompe pas, normalement dans un tel environnement, la vie est impossible ? » 

– « Oui, c’est impossible… »  

-«  Eh bien, il y a plein de vie ici… »

C’était le début d’une formidable aventure scientifique autour de ces « fumeurs noirs » abritant une vie sous-marine très riche comme sur cette photo prise par 2300 mètres de fond. Plus de 400 espèces de vertébrés et d’invertébrés ont été recensées dans ce milieu où on croyait toute vie impossible. Une découverte majeure.

Et ce n’est pas fini car nous connaissons très peu (et mal) les océans. Pour comprendre la difficulté à laquelle font face les scientifiques, imaginez l’océan comme une forêt couvrant 70,8% de la planète avec des arbres culminant, en moyenne, à 3 682 mètres, de la vie sur toutes les branches, et que l’on explore avec une simple loupe : des millions d’espèces -entre 1 et 10 millions d’après les chercheurs… – sont encore inconnues. 

Malheureusement, l’océan, où est née la vie sur Terre, dont nous dépendons pour notre oxygène et notre nourriture, qui absorbe 30% du CO2 émis par l’activité humaine, ne profite pas, et dans aucun pays, des mêmes moyens d’exploration et de recherche que l’espace… Ni de la même fascination des milliardaires qui dépensent des fortunes pour s’offrir le grand frisson spatial. Des moyens et de l’intelligence que l’on aimerait voir utiliser pour étudier le changement climatique et, bien sûr, les océans. Car c’est bien là, et pas sur Mars, qu’est notre avenir. «Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu’ils ont ignorée », disait Richelieu. Quatre siècles après le Cardinal, rien n’a vraiment changé.

Photo Ifremer

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