L’une des principales menaces de la mer est… la terre. Victor Rault, le skipper de l’expédition partie de Plymouth en 2021 pour un tour du monde sur les traces du grand Charles Darwin, en sait quelque chose : depuis plusieurs mois maintenant il conduit son Captain Darwin, voilier de 13 mètres, dans le dédale des canaux du Sud de la Patagonie, du canal de Beagle au détroit de Magellan. Le même décrit dans Les naufragés du Wager, comme « sinueux, très étroit par endroits, (…) souvent un dédale déroutant de ramifications sans issue », avec des eaux « encombrées de hauts-fonds et de rochers, masqués sous des brouillards aveuglants ». En décembre, le Breton a failli y perdre son navire. Disposant de très peu d’informations sur les conditions de navigation de cette zone où presque personne ne va, il a échoué son voilier dans un passage étroit. Une grosse frayeur, beaucoup d’efforts et huit heures plus tard, le Captain Darwin avait retrouvé l’eau libre. L’expédition se trouve encore aujourd’hui dans le détroit de Magellan, mais vers la sortie désormais, comme il le raconte presque au quotidien sur les réseaux sociaux. Mais si la terre est une menace permanente, elle est aussi le but final de marins qui n’ont pas vocation à naviguer sans fin. « Terre ! » était le cri si attendu des navigateurs explorateurs d’autrefois. Avec les GPS, les marins ne sont désormais plus surpris de découvrir des rivages. Mais l’émotion reste la même quand, comme sur cette photo du Captain Darwin, ce sont des paysages magiques qui bercent l’océan…
Christophe Agnus
Photo Captain Darwin – www.captaindarwin.org/fr