Iles de passage 

Le scientifique de la photo vit un privilège rare : explorer une terre nouvelle. Là, au sommet de cette île de l’archipel des Tonga, il peut se rêver Cook ou Magellan. Il y a neuf ans encore, personne n’avait pu marcher sur ce bout de terre. Hunga Tonga-Hunga Ha’apai est apparue en janvier 2015 suite à l’éruption d’un volcan sous-marin. La naissance a projeté des cendres jusqu’à 10 000 mètres d’altitude, suivie de près par les indiscrètes caméras des satellites d’observation. Et un détail a immédiatement frappé les experts : sa ressemblance avec les formations volcaniques martiennes… C’est donc sur cette « bébé » île du Pacifique que des recherches ont tenté de percer un peu des mystères de notre voisine planète. Avant qu’une autre éruption la scinde en deux petits morceaux, en 2022.

Les îles éphémères sont fragiles. Mais pas rares. Ferdinandea, au large de l’Italie, a émergé trois fois en 1701, 1831 et 1863. Zalzala Koh, au large du Pakistan, a tenu quelques semaines. Le volcan Home Reef, aux Tonga, a créé de nombreuses petites îles, certaines avec des falaises de 50 à 70 mètres de haut. Avant qu’une autre force géologique, ou la simple érosion, les avale ou les dégrade, en quelques semaines ou dizaines d’années.  Parfois même beaucoup plus. Mais l’idée même que notre Terre vit, se remodèle en permanence, a quelque chose de merveilleux. Bien sûr, la tectonique des plaques rapproche ou éloigne doucement les différents continents. Mais à la vitesse de quelques centimètres par an, c’est invisible à l’échelle d’une vie humaine. Avec les îles éphémères c’est la magie du monde qui se déploie sous nos yeux. La poésie créatrice de notre chère planète. 

Christophe Agnus

Photo NASA’s Scientific Visualization Studio

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