Naviguer autour du monde, par les trois caps, était l’un des rêves de Bertrand Delhom. Découvrir ces mers à la fois énormes, puissantes et sans fin, ces 40èmes rugissants et 50èmes hurlants aux vagues tournant inlassablement et sans obstacle dans le sud de notre planète, loin de l’Aber Wrac’h où, enfant, il tirait des bords entre les cailloux, ou de Plabennec où il réside habituellement. Un autre de ses rêves est aussi de battre les prévisions médicales, de repousser au maximum ce Parkinson qui l’a atteint en 2020. Cette terrible maladie neurodégénérative contre laquelle il a décidé de lutter. Et c’est évidemment la mer qu’il a choisie comme alliée. A 60 ans, cet arrière-petit-fils de Terre Neuvas, petit-fils de sous-marinier, navigue actuellement comme équipier du voilier Neptune dans l’Ocean Race, ce tour du monde en équipage et avec escales, sans routage ni assistance météo, dans l’esprit de l’ancienne Whitbread. Le bateau de 18,60 mètres n’est, comme on le voit sur cette image de 1978, ni tout jeune, ni conçu pour un homme malade, même si sa présence a imposé quelques adaptations. En affirmant que « Qui ose, vivra ! », c’est l’équipage au complet qui souhaite délivrer un message d’espoir pour les malades de Parkinson, mais aussi les aidants, les médecins et les chercheurs. Affirmer que la soif de vivre doit rester le moteur pour repousser au maximum les effets de la maladie. Alors, bien sûr, Bertrand Delhom s’est entraîné sérieusement, avec un travail poussé de préparation physique pour être à la hauteur de son défi. Et on se plaît à l’imaginer, debout sur le pont du Neptune, déclamant du Paul Valéry : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! »
Christophe Agnus
Photo Team Neptune