Pendant longtemps, on l’appelait simplement la Transat. Puis, la Route du Rhum étant née, on a ajouté un adjectif : la Transat anglaise. Un parcours simple comme la tradition maritime d’outre-Manche: Plymouth-New York. Et un règlement aussi basique : un homme, un bateau, un océan. C’est avec cette course, en 1964, qu’Éric Tabarly est entré dans l’histoire de la voile. Et avec la même, en 1976, qu’il est devenu une légende. Mais les temps changent, et la Transat a fait son Brexit à l’envers, abandonnant les rives britanniques pour un port breton, et perdant du même coup son adjectif. Ce sera désormais la Transat, tout simplement, sur un trajet Lorient-New York. Toujours le même océan à traverser. Toujours aussi le même esprit d’une compétition ouverte à ceux qui osent, pas seulement aux professionnels de la profession. À côté des Imoca, grands monocoques de 18,28 mètres taillés pour le Vendée Globe, et des Classe 40, fusées de 12,19 mètres, deux voiliers dénoteront : ceux de la classe Vintage. Je pensais que le terme ne s’appliquait qu’aux vêtements des années 70, il est aussi valable pour des bateaux. Les vieilles coques. En l’occurrence, ce sera de « faux vieux » : Enfants du Mékong est un plan de 1998 tandis que Faiahahe (photo) date de 2006… Ce dernier, un cotre de 20 mètres de long, arbore pourtant l’apparence de la « vieille marine », une époque où l’esthétique était presque aussi importante que la performance. Le public pourra s’en régaler. Mais pas d’illusion : il sera peut-être le plus beau au départ, sûrement pas le plus rapide avec ses 30 tonnes quand les Imoca sont au moins trois fois plus légers. Aucune importance pour son skipper, Rémy Gérin, qui en sera à sa 6ème transatlantique et compte bien faire honneur à l’étymologie du mot plaisance : le plaisir.
Christophe Agnus
Image DR/Rivacom