Aucun trucage dans cette photo, prise au large du Mexique lors du tournage du film Océans. L’homme, le biologiste marin François Sarano, n’est pas inquiet. Cela fait longtemps qu’il n’utilise plus de cage pour rencontrer les grands requins blancs. Il sait qu’ils ne sont pas des tueurs nés se jetant sur tout ce qui passe à portée de leur puissante mâchoire. Il a appris à lire leur comportement, à comprendre leur mode de fonctionnement. Le squale, de son côté, s’interroge. Qu’a-t-il devant lui ? Qu’est-ce que ce drôle d’animal, à la forme bizarre et relâchant des bulles, qu’il ne connaît pas. Une proie ? Une menace ? Mais le requin est un instinctif, pas un intellectuel, et il n’a pas conscience de sa propre taille. Il trouve donc sa réponse dans la façon dont l’homme réagit face à lui : comme il ne fuit pas ce n’est pas une proie, et peut-être même est-ce un prédateur dont il faut se méfier… Déduction simple, évidente pour l’animal. Alors l’énorme femelle requin blanc de 4 mètres de long va continuer son chemin. Dans le film, l’homme va l’accompagner, venant même côte à côte pendant quelques dizaines de mètres de nage en duo. Paisiblement. Puis chacun repartira dans sa vie. Au-dessus de la surface, pour le plongeur qui ne peut rester sous l’eau qu’un temps limité, dans l’immensité de l’océan pour le squale qui n’imagine même pas le monde de l’aérien. Cette image, due au talent de Pascal Kobeh, résume la richesse et la beauté de la biodiversité. Regardez bien l’attitude de l’humain, ce mammifère dit supérieur, et du grand poisson. Ce n’est pas la peur qui domine ce face à face, mais la seule notion essentielle à la cohabitation de ces deux espèces dominantes de leur milieu : le respect.
Christophe Agnus
Photo Pascal Kobeh
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