Parce qu’ils sont en mer…

Au moment où vous verrez cette photo, les premiers concurrents de la Route du Rhum seront peut-être déjà de l’autre côté de l’Atlantique. Mais ce n’est pas de compétition que parle cette photo prise au départ de la course par Alexis Courcoux. Pas de grands noms du large, pas de sponsors, pas de statistiques, de technologie ou d’enjeux économiques, juste des silhouettes, des voiles sombres, des coques émergeant à peine du clapot, aucun détail, un ciel de coton, une mer qui brille de plaisir, les skippers invisibles mais que l’on pressent tendus, concentrés sur les 3 543 milles nautiques (6 562 kilomètres) à parcourir le plus vite possible. Une sorte d’impressionnisme qui, finalement, laisse la place libre à l’imagination et la culture marine de chacun. Et la mienne me ramène au très beau livre d’Anita Conti, « L’Océan, les Bêtes et l’Homme ou l’ivresse du risque », publié en 1971. Celle qui fut la première femme océanographe française, mais aussi une remarquable photographe de mer et écrivain, savait ce qu’être en mer signifie. Et elle écrivit : « Le temps ne se mesurait plus ; les regards pouvaient se perdre dans la noire transparence. Nous étions en route. 

La mer fut immense et froide ; elle était délivrée du ciel d’orage qui avait longtemps noirci l’horizon, elle sortait de cette épaisseur basse et lourde ; elle s’étalait jusqu’à perte de vue en gonflant des courbes qui semblaient des ailes et retombaient sur l’épaisseur de leurs ombres. Elle se gonflait comme un oiseau qui va s’envoler, mais sa force ne pouvait se détacher d’elle-même et chaque levée de houle profonde et vibrante périssait de son propre élan : les sommets glissaient sous nos formes. » 

Christophe Agnus

Photo Alexis Courcoux / #RDR2022


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