La photo peut intriguer : un phoque de Weddell connecté… Il s’agit pourtant bien plus qu’un anonyme pinnipède : un collaborateur scientifique pour le bien commun. L’étude du climat mondial s’appuie sur la récolte de données, partout. Un travail particulièrement difficile aux hautes latitudes où la glace de mer et les conditions météorologiques rendent la navigation périlleuse et empêchent la détection par satellite. Alors, les océanographes et climatologues ont trouvé des alliés : les éléphants de mer et les phoques. Des véritables « sondes » vivantes qui parcourent ces régions du monde toute l’année, capables de descendre jusqu’à 2000 mètres de profondeur et de couvrir des milliers de kilomètres sur et sous la glace. Il a fallu donc les équiper d’une véritable plate-forme océanographique miniature, que vous voyez sur la photo, collée sur le crâne du phoque, à un endroit où cela ne gêne aucun de ses mouvements. Un petit appareil qui enregistre des données aussi différentes que la température, la profondeur, le pH, la salinité, le taux d’oxygène… Quand l’animal est en surface, un satellite peut recevoir une partie des informations, la totalité étant récupérée au retour de l’animal sur la terre ferme. Résultat pour les scientifiques, qui collaborent au niveau international pour cette collecte de données : une vision précise des différentes masses d’eau et de leur dynamique dans l’océan Austral. Essentiel pour comprendre le mécanisme d’évolution du climat. Et si vous pensez que c’est anecdotique, un petit chiffre simple : près de 90% des données océanographiques collectées au sud du 60° parallèle proviennent des pinnipèdes. D’autant que, c’est aussi à noter, ils sont tous totalement bénévoles. Admirable…
Christophe Agnus
Photo Mia Wege, Afred Wegener Institute