L’explorateur indispensable

À sa naissance, ce bateau était celui d’un homme, Jean-Louis Etienne. Conçu pour pouvoir hiverner en zone polaire, il s’appelait Antartica. Puis il est devenu, sous le nom de Seamaster, le voilier d’une légende, l’immense navigateur néo-zélandais Peter Blake, qui voulait en faire le navire emblématique de la protection des océans. Mais des pirates, en Amazonie, vont écourter la vie du double vainqueur de la Coupe de l’America, qui meurt à 53 ans. Le grand monocoque va alors prendre son indépendance et devenir Tara. Désormais, c’est lui la vedette. Depuis 19 ans maintenant, on croise sa longue coque de 36 mètres sur toutes les mers de la planète, chargée de marins et scientifiques de la Fondation Tara. Avec des apports spectaculaires à la connaissance de notre monde.Entre 2009 et 2013, Tara avait rapporté 35 000 échantillons de plancton marin, afin de mieux comprendre cet écosystème constituant 90% de la biomasse des océans, et produisant 50% de l’oxygène. Leur étude avait permis de faire passer le nombre de virus connus dans la mer de 16 000 à près de… 200 000. Un bond spectaculaire, même si les scientifiques estiment à un milliard leur nombre total dans l’océan. En allant plus loin, les chercheurs y ont aussi découvert 5 504 nouveaux virus ARN. Et ce n’est pas important seulement parce qu’ils peuvent être mortels pour l’homme : existants avant même que la vie ait besoin d’ADN, ils nous éclairent aussi sur l’évolution de la vie sur Terre, et pourraient avoir un rôle dans l’adaptation des océans au réchauffement climatique. Alors en regardant la goélette traîner ses capteurs de plancton, je n’ai qu’un regret : que Tara ne s’écrive pas au pluriel. 

Christophe Agnus

 Photo Maéva Bardy-Fondation Tara Océan

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