Fausse neige pour vraie mer

D’accord, le poulpe qui s’échappe n’est pas commun. Une espèce des grands fonds, que vous avez peu de chances de croiser en bord de mer. Comme cette neige, qui tombe à gros flocons. Une vraie neige marine, qui va descendre tranquillement, parfois pendant plusieurs semaines, avant d’arriver au fond des océans. Sa composition ? De la matière organique provenant de plantes et d’animaux morts en surface, mais aussi du sable, de la suie, des matières fécales… L’équivalent marin des feuilles mortes tombant des arbres pour couvrir le sol, celui-ci étant parfois plusieurs milliers de mètres plus bas. Dans sa descente, cette neige va nourrir une flopée d’êtres vivants. Une fois sur le fond, elle fournira de quoi vivre à encore d’autres espèces. Avant, si elle n’a pas été dévorée, d’être incorporée au limon boueux recouvrant le fond des océans. Il pourrait s’accumuler ainsi jusqu’à 6 mètres de cette vase par million d’années. Tout, malheureusement, n’est pas mangeable. Une proportion croissante de cette avalanche de pleine mer est composée de microplastiques, à peine visibles à l’œil nu, les déchets non pas du vivant marin mais de notre activité consommatrice de terriens. Comme ce qui reste, par exemple, de tous nos objets plastiques à usage unique ou nos bouteilles de soda abandonnés au bord des routes ou sur les plages. Une étude a estimé à près de 25 millions de millions (soit billions…), pour environ un demi-million de tonnes, le nombre de morceaux de ce type dans nos océans. En précisant qu’elle les sous-estimait sûrement. En fait, la mer rejoint la montagne, où cela fait longtemps que l’homme répand de la neige artificielle…

Christophe Agnus

Photo NOAA

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