Dernier (et premier) repère

« Ici se termine l’ancien monde ; voilà son point le plus avancé, « sa limite extrême ». Derrière vous est toute l’Europe, toute l’Asie ; devant vous c’est la mer et toute la mer. Si grands qu’à nos yeux soient les espaces, ne sont-ils pas bornés toujours, dès que nous leur savons une limite ?
Ne voyez-vous pas de nos plages, par-delà la Manche, les trottoirs de Brighton, et, des bastides de Provence, n’embrassez-vous pas la Méditerranée entière, comme un immense bassin d’azur dans une conque de rochers que cisèlent sur ses bords les promontoires couverts de marbres qui s’éboulent, les sables jaunes, les palmiers qui pendent, les sables, les golfes qui s’évasent ? Mais ici plus rien n’arrête. Rapide comme le vent, la pensée peut courir, et s’étalant, divagant, se perdant, elle ne rencontre comme eux que des flots ; puis, au fond, il est vrai, tout au fond, là-bas, dans l’horizon des rêves, la vague Amérique, peut-être des îles sans nom, quelque pays à fruits rouges, à colibris et à sauvages, ou le crépuscule muet des pôles, avec le jet d’eau des baleines qui soufflent, ou les grandes villes éclairées de verres de couleur, le Japon aux toits de porcelaine, la Chine avec les escaliers à jour, dans des pagodes à clochettes d’or. C’est ainsi que l’esprit, pour rétrécir cet infini dont il se lasse sans cesse, le peuple et l’anime. On ne songe pas au désert sans les caravanes, à l’Océan sans les vaisseaux, au sein de la terre sans les trésors qu’on lui suppose. »C’est ce qu’écrivait Gustave Flaubert en 1847. C’est ce que je vous propose, ce lundi matin, avec cette photo de la pointe Saint-Mathieu, pour que vos vacances, ou au moins votre été, continuent avec un poète.  

Christophe Agnus 

Photo Christophe Agnus

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