Confinement et édition

Lancer une maison d’édition alors que la France est en confinement est une expérience forte. Un peu comme la navigation dans la tempête sur un trois mâts passant le Cap Horn… Il faut apprendre changer ses plans et espérances sans avoir la moindre visibilité à court terme, et de grandes incertitudes à long terme.
Quand nous nous sommes lancés dans la traduction du livre de Rob Greenfield, mais aussi les 5 à 6 titres qui vont suivre à l’automne, nous avions travaillé sur la base de campagnes Ulule renforcées par des tournées en France pour présenter nos publications, et parfois l’auteur. Vous imaginez bien que nous n’avons plus aucune certitude sur la tournée de Rob fin mai…
Les premiers contacts avec les libraires avaient donné beaucoup d’espoirs, notre distributeur nous demandant d’imprimer 10 000 exemplaires du livre « Le drôle de voyage de Mister Green ». Le confinement est passé par là, avec la fermeture des libraires qui n’ont pu qu’annuler une bonne partie de leurs commandes: nous en avons imprimé 4000.

Pour la suite, il va nous falloir apprendre la patience. Nous savons qu’il faudra sans doute plusieurs années pour stabiliser la société d’édition, et c’est une belle aventure qui nous attend. Mais rien ne risque de se passer comme prévu. Une de nos plus grandes incertitudes est l’état de la librairie française après le confinement. Je pense à tous ces passionnés de livres qui tiennent boutique et qui, tous les jours, parlent des livres à leurs clients. Nous avons besoin d’eux. Absolument. Pas question de dépendre d’un Amazon pour défendre les petits éditeurs (d’ailleurs, si vous avez le choix et que vous ne pouvez pas vous rendre chez votre libraire, choisissez une plateforme en ligne suggérée par votre libraire, pas une multinationale américaine…). Le réseau de librairies en France est un joyau qu’il faut protéger, alors aidez les.
Pour le tour de France de Rob Greenfield, nous ne voulions pas vendre directement nos livres aux personnes venant aux évènements, mais travailler à chaque fois avec un libraire local. Il nous paraissait important, au-delà du bénéfice économique direct, de faire vivre l’écosystème du livre. Nous ne savons pas si cela pourra être possible, mais ce n’est que partie remise. Rob reviendra un jour en France (même s’il est toujours là: il dort dans notre chambre d’amis et dîne à notre table tous les soirs…) et ce tour se fera, de toute façon, un jour ou l’autre.
Pour Nautilus, il nous faut travailler et préparer les autres livres à paraître en 2020 et 2021. Nous avons de beaux projets. Car faire des livres est un métier merveilleux. Même au temps du coronavirus.

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