Ondine Morin, ligneuse à Ouessant, est aussi guide spécialiste de l’histoire de son île. Elle me permet de reprendre ici une histoire et une photo qu’elle a publiées dans sa dernière lettre d’information:
Elles vendaient le vent aux navigateurs
Les prêtresses d’Ouessant. Au nombre de neuf, leur cheffe se prénommait Iolla. Elles étaient les sages de l’île, des ancêtres respectées au doux visage d’enfant. Les vertus rajeunissantes de la source du Stankou n’ont aucun secret pour elles. Le vent, elles le connaissaient, le côtoyaient, parfois même semblaient-elles le dompter. Surtout, elles avaient une connaissance infinie du ciel et savaient y prédire le temps. Aussi, grâce à leurs observations, elles étaient consultées pour savoir si le Rugenn allait assécher l’île rapidement ou s’il fallait continuer à subir les affres du Mervent et attendre encore plusieurs semaines avant de semer. Considérées comme des augures, elles rendaient des oracles au Cromlec’h. De ce promontoire sacré dont les pierres avaient été subtilement placées par leurs ancêtres, elles cartographiaient le ciel, tiraient des alignements pour suivre le mouvement des astres et ainsi savaient prédire la danse de la Lune. Son influence sur les marées était déjà connue.
Ce sont elles qui accueillaient les navigateurs. Uxisama était bien connue de tous les marins explorateurs. Cette île de haute mer offrait un havre de paix où l’on pouvait échouer son navire à marée basse sur des bancs de sable. Encore fallait-il pouvoir aborder Uxisama. Parfois cette île ne sortait même pas des brumes. D’autres fois des torrents sous-marins la cernaient, rendant toutes les tentatives d’approche impossibles voire même funestes. Mais quand elle désirait se laisser accoster, cette terre du grand offrait aux explorateurs un véritable Eden. Eau douce à volonté au cœur de cette île cultivée où paissaient moutons, chèvres et bœufs. Un climat doux et océanique y régnait et apportait autant de chaleur que l’accueil des îliens.
Jamais n’étaient oubliées les offrandes pour les déesses et les dieux d’Uxisama. En échange de ces cadeaux d’une valeur inestimable, les prêtresses, après les avoir enfouis au cœur des fosses sacrées du temple d’Uxisama, se rendaient au Cromlec’h puis divulguaient leurs augures aux marins. Elles vendaient ainsi le vent aux navigateurs… »
Merci Ondine!
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