Océan artificiel

Comment imaginer notre monde sans la mer ? La vie y est née, il y a 3,8 milliards d’années. Elle a permis l’explosion des échanges commerciaux, grâce à la navigation. Elle nous fournit une grande partie de nos ressources alimentaires et offre aux touristes des lieux de villégiature. Car elle est si belle, vue d’en haut. Au point, pendant des années, de ne pas se soucier de l’impact des aménagements du littoral. Les humains ont construit, partout, vite. Des ports, des digues, des polders pour « gagner sur la mer ». Sans penser qu’elle, à ce jeu, pouvait perdre : des courants sont modifiés, des herbiers disparaissent, des zones de frayère sont impactées… Depuis quelques années, enfin, nous l’avons réalisé. Et, parfois, nous essayons de réparer. Comme sur cette photo, avec l’installation de roselières dans le port de la Ciotat, des herbiers artificiels reproduisant les habitats des espèces marines locales. Les blocs en béton, réalisés en impression 3D, présentent des cavités pour abriter les poissons. L’enjeu ? Recréer des zones où les juvéniles peuvent grandir tranquillement, avant de rejoindre leurs espaces de vie une fois adultes. Alors, bien sûr, on peut regretter de devoir, par de la technologie, corriger ce que l’ignorance ou la cupidité (et parfois les deux) ont détruit, et que la nature avait mis si longtemps à construire. C’est au moins le signe d’une double prise de conscience : de notre impact sur les environnements marins, et de notre besoin vital que la mer ne dépérisse pas. Reste à croire désormais en la capacité de résilience de l’océan et la pérennité de la conscience écologique des humains. Le premier point est de la science, le second une question de foi…
Christophe Agnus

Photo Olivier Dugornay/ IFREMER

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