Le géant blanc a chaud

16,96 millions de kilomètres carrés, c’est la surface de la banquise antarctique à son maximum annuel, relevé à la fin de l’hiver austral cette année. Cela paraît grand ? Pas vraiment, puisque c’est environ deux millions de kilomètres carrés de moins que la moyenne entre 2011 et 2020. Changement climatique ? Les scientifiques, que cette baisse a surpris, n’ont pas encore cette certitude, même si c’est une hypothèse qu’ils sont loin d’écarter. Mais la science aime la précision, la preuve plus que l’intime conviction. Et la logique de ce continent glacé n’est pas encore parfaitement maîtrisée. Car il les a surpris dans le passé : alors que l’Arctique se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste de la planète, la glace entourant la terre Antarctique a continué à s’étendre jusqu’en 2016. Avant, seulement, de commencer à se réduire. Reste à comprendre en détail comment cela marche, et comment prévoir l’avenir du seul continent que l’homme n’a pas colonisé (les quelques scientifiques y séjournant ne pouvant prétendre à un tel rôle…). Et il y a urgence. Les éléments à surveiller sont nombreux, mais on y trouve notamment les grandes dépressions du Grand Sud (les fameux 50èmes hurlants et 60èmes mugissants) comme les courants marins froids qui jouent un rôle protecteur, pendant que des vents atmosphériques chauds semblent travailler en sens inverse. Pour la science, il est donc essentiel de suivre de près ces évolutions, vu l’importance des pôles dans le climat. Moins il y a de glace, surface réfléchissante, plus la mer absorbe d’énergie, plus la fonte accélère… Un cercle très vicieux. 

Christophe Agnus

Photo Franck Mazas  

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