Quand les mots disent tout

Je ne connais pas de marins qui souhaitent la rencontrer, mais tous savent que cela va arriver. Ils choisissent d’aller en mer au risque de la croiser. La tempête. En mars 2013, les pêcheurs du Alf (photo), basés aux Sables-d’Olonne, durent faire appel à la Royal Navy afin d’évacuer par hélicoptère un marin blessé. Pour essayer de comprendre ce qu’ils ont vécu, je vous livre quelques lignes d’un homme qui sait de quoi il parle, un grand capitaine de cargo devenu ensuite écrivain, Joseph Conrad : « Ils tinrent ferme. Un accès de furie ; l’assaut du vent plein de malice immobilisa littéralement le navire ; durant un instant de suspens terrible, celui-ci ne participa plus que par un dodelinement léger, rapide, pareil à celui d’un berceau, à la fougue de l’atmosphère, à la bourrasque qui passait outre, issue du sein ténébreux des enfers. (…) Un débris de cet écoulement, simple éclaboussure, les enveloppa de la tête aux pieds, remplissant de saumure leurs oreilles, leur bouche et leurs narines. Cela rompit leurs genoux, disloqua leurs bras, souleva leur menton dans un bouillon rapide ; lorsqu’ils ouvrirent les yeux ils purent voir un amoncellement d’écume jeté deçà delà parmi ce qui semblait la ruine du navire. (…) A travers l’obscurité, les lames semblaient de toutes parts se ruer pour le repousser à sa perte. Dans leur acharnement on sentait de la haine, de la férocité dans leurs coups. On eût dit une créature vivante en proie à une foule enragée, victime offerte, brutalisée, bousculée, culbutée, roulée à terre et piétinée. » On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Ici, il n’y en a que 171, et je les trouve plus forts encore que la photo.

Christophe Agnus

Photo Royal Navy/MOD


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La Lune et le robot sous-marin

Quand on veut explorer la Lune en allant sous l’eau, on doit pousser son idée poétique jusqu’au bout en y envoyant un humanoïde. Enfin, pour être plus précis, un robot humanoïde. C’est ce qui a été fait à l’automne 2015, au large de Toulon, par des archéologues sous-marins français de la DRASSM (département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) et une équipe du Stanford Robotics Laboratory dirigée par le professeur Oussama Khatib. C’était une première, et cela ne vous étonnera pas. Mais peut-être est-il temps de préciser ici que la Lune était un vaisseau de la Marine de guerre de Louis XIII, coulé en 1664, et qu’il méritait une visite hors du commun. Avec deux bras, une tête, un corps mais pas de jambes, Ocean One K (de son petit nom) peut presque donner l’illusion sous l’eau d’un humain. Sauf qu’il y est beaucoup plus performant : les 90 mètres de profondeur où repose la Lune étaient une promenade de santé. Comme les 68 mètres de l’avion qu’il visite sur la photo. Le « K » de son nom signifie : 1000 mètres. La profondeur qu’il est censé pouvoir atteindre, relié à la surface par un câble lui fournissant l’énergie et permettant aussi de le contrôler. Equipé de « mains » haptiques capables de ressentir la résistance d’un objet, il peut ramasser une assiette sans la casser : l’assistant idéal pour explorer des épaves hors d’atteinte des plongeurs. En 2022, il a plongé jusqu’à 852 mètres, et si l’université de Stanford le voit encore comme une plateforme expérimentale, que les archéologues rêvent, grâce à lui, à de nouvelles explorations, d’autres, dont les marines militaires, imaginent déjà d’autres usages pour un tel robot… 

Christophe Agnus

Photo Photo Frédéric Osada/Drassm/Stanford


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Madame de la mer

La jeune garde de la voile française ignore souvent son nom. A tort. Virginie Hériot est morte en 1932, dans la cabine de la goélette sur laquelle elle naviguait dix mois par an, victime d’une syncope au moment de franchir la ligne d’arrivée des régates d’Arcachon. Conséquence sans doute d’une blessure provoquée par un choc violent lors d’une tempête en Méditerranée, quelques mois plus tôt. Son équipage de marins bretons, qu’elle adorait, n’avait pu empêcher l’accident, eux qui admiraient celle qui ne quittait jamais le pont quand la tempête grondait. La riche héritière de 42 ans eu des quasi-obsèques nationales : chevalier de la Légion d’Honneur (ce qui n’était pas rien à l’époque…), quartier-maître d’honneur de la Marine Nationale, elle était surnommée la «dame de la mer» ou «l’ambassadrice de la mer ». Et pas pour rien : 5 ans plus tôt, elle avait remporté ce qui était alors le championnat du monde de course au large ; et l’année suivante, la médaille d’or aux Jeux olympiques, à Amsterdam. Précision importante : à chaque fois, elle était la seule femme skipper de la compétition. La filleule du célèbre commandant Charcot, amie du navigateur Alain Gerbault, avait aussi offert une flotte de petits voiliers d’entraînement à l’école Navale pour former les futurs officiers à la navigation à voile. Mais celle qui souhaitait être immergée après sa mort au large de Brest avait été inhumée dans le parc du château familial, en région parisienne. Décision de sa propre mère, que le chagrin bouleversait. Il fallut attendre 1948, après le décès de cette dernière, pour que le fils de Virginie Hériot réponde enfin au désir de la grande dame, désormais en mer pour l’éternité. 

Christophe Agnus

Photo Collections du Yacht Club de France

Le dernier livre de Virginie Hériot est à découvrir ici: https://nautilus-editions.com/produit/sur-mer-par-virginie-heriot/

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La fille des glaces

C’était il y a quatre ans. Un père et une fille larguaient les amarres d’un port breton pour faire cap au nord-ouest. Leur but : l’Alaska, à la voile, par le nord du Canada. Le fameux « passage du nord-ouest », que personne n’a jamais franchi à la seule force du vent. Leur bateau n’était pas un baroudeur des mers en aluminium, mais un voilier de croisière de série en polyester d’à peine 11 mètres de long, tout juste renforcé à l’étrave. Précisions importantes : c’est la fille, et non le père, qui avait imaginé et organisé l’aventure, et cette jeune femme s’appelle Clara Dumard. Ce nom de famille, tous les passionnés de course au large le connaissent : Christian, le deuxième du bord donc, est un ancien coureur (navigateur et tacticien, avec des titres mondiaux et deux participations à la Coupe de l’America…), aujourd’hui l’un des routeurs les plus réputés du milieu. 

Si j’en parle aujourd’hui c’est qu’un film, Passagers des glaces, est né de leur tentative de passage du nord-ouest à la voile. Disponible gratuitement sur Internet, il est le beau récit d’une aventure familiale. D’une relation père-fille qui, déjà forte au début du voyage, prend une autre dimension au fil de la transmission des savoirs qu’impose un tel voyage, avec les tempêtes de l’Atlantique nord, le froid, la navigation en zig-zag dans les champs de glace et les pannes de générateur… Les images sont belles, l’émotion intacte. On les envie d’avoir osé. Alors, bien sûr, la glace les a empêchés, lors de leurs deux tentatives, de rejoindre l’Alaska, et ils n’ont pas réussi l’exploit. Mais le père et la fille ont prévu de repartir à l’été 2024. L’aventure continue.

Christophe Agnus

Photo Clara et Christian Dumard


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