Les héritiers de la société humaine

Sur la photo, un sauveteur passe une amarre pour le remorquage d’un bateau en détresse, au large du Cap d’Agde, lors d’une opération d’assistance de la SNSM. Cette magnifique institution, née de la fusion en 1967 de la Société centrale de sauvetage des naufragés et de la Société des hospitaliers sauveteurs bretons, est le plus grand armateur de France, avec 785 embarcations, du canot tous temps au petit pneumatique. Des milliers de bénévoles assurent ainsi la sécurité de ceux qui vont en mer, plaisanciers ou baigneurs. Des milliers de marins sacrifient des soirées, des week-ends, toute l’année, pour s’entrainer à sauver leur prochain. Des milliers d’hommes et de femmes à qui on ne dit pas souvent merci. Et une association à laquelle seulement 10% des plaisanciers pensent à faire un petit don, tous les ans.

La solidarité est pourtant l’une des valeurs fondamentales des gens de mer. On l’a vu encore avec le sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam dans le Vendée Globe. On l’a vu tant de fois. Dans la course autour du monde en solitaire de 1996, l’anglais Pete Goss avait fait demi-tour, dans la tempête, pour sauver Raphaël Dinelli, en train de sombrer à plusieurs milliers de kilomètres au sud de l’Australie. Le britannique, pourtant sérieusement blessé au coude, mettra plusieurs fois son mât dans l’eau, risquera sa vie, et sauvera le français. Interrogé, il expliquera ne pas avoir hésité car sa décision avait été prise par des générations de marins avant lui : « Sur la mer, quand quelqu’un est en détresse, on va l’aider ». L’ancêtre de la SNSM, en 1825, s’appelait « Société humaine des naufrages ». C’était un joli nom, « société humaine ».

PS: N’hésitez pas à faire suivre la photo à vos amis! 
S’ils veulent s’abonner, c’est ici: « abonnez-vous » (et c’est toujours gratuit, évidemment…), car plus nous serons nombreux à aimer la mer, plus nous serons nombreux à la protéger.


www.laphotodemer.com

Photo SNSM Cap d’Agde_Sauvetage_©Teddy Perrin

Des régates et des mots

Les marins refusent la superstition avec raison: cela porte malheur. Mais ils aiment les routines, les évènements prévisibles comme la marée ou le lever du jour. La Solitaire du Figaro, qui vient de se terminer, fait partie de ces rendez-vous. Mais qui se souvient de Joan de Kat, le vainqueur de la première édition, en 1970? A 23 ans, il avait traversé l’Atlantique en solo. En 1968, à 27 ans, il s’était élancé dans la Transat anglaise sur un trimaran, pour être récupéré par un cargo après 60 heures dans son canot de sauvetage… En 72, nouvelle Transat et nouveau naufrage, cette fois avec un prao de 22 mètres. L’homme, auteur de deux beaux livres sur sa vie, n’était pas raisonnable. 

Les coureurs actuels de la Solitaire n’ont plus l’option de la déraison : ils doivent intégrer le marketing, les sponsors, et réunir des budgets toujours plus gros. Ils gardent cependant un point commun important avec le vainqueur de 1970 : ils sont seuls en mer, seuls face et avec l’océan, et vivent des émotions qu’ils pourront raconter au bistrot ou sur du papier. Une troisième mi-temps indispensable : les terriens ont besoin de savoir ce qui se passe en mer. Ne serait-ce que pour mieux découvrir, et peut-être comprendre, ce qui pousse ces hommes et femmes à larguer les amarres. Pourtant, et malheureusement, il y a peu de grands textes sur la course au large moderne écrits par des coureurs. Trouver les mots justes est si difficile que trop peu finalement s’y essaient, faisant mentir Michel Audiard quand il faisait dire à un de ses personnages : « c’est curieux ce besoin chez les marins de faire des phrases ». 

Photo Alexis Courcoux


La photo de mer passe (aussi) au papier: 
A partir d’aujourd’hui, la photo de mer que vous recevez par email paraîtra aussi, tous les lundis matins, dans la quotidien breton Le Télégramme, ainsi que sur son site Web et dans une de ses newsletters. Avec plus que 180 000 exemplaires vendus par jour, Le Télégramme est dans les dix quotidiens les plus lus de France (Libération, par comparaison, est autour de 70 000 exemplaires).
Détail important: la photo et le texte paraîtront en page 2. Très fier! 

Fin ou début du monde?

Pour la rentrée de la photo de mer, je serai bref avec un petit échange sémantique à propos d’un des territoires les plus marins de notre pays: l’île d’Ouessant, dans le Finistère. Pourquoi Finistère alors que le nom breton est Penn Ar Bed, ou « tête du monde »?  La tête n’est pas la fin mais le début du monde. Comme l’est l’océan. Qui serait même LE monde, si on convient que 72% de la surface de notre globe est couverte d’eau…

J’aime cette photo prise par Ondine Morin (pêcheuse à la ligne à Ouessant) car elle montre bien à la fois l’emprise marine sur cette île posée à l’extrémité du continent européen, et la vaillance de cette terre de granit à lui résister, opposant une muraille aux assauts des vagues. L’un ne vit pas sans l’autre. L’un vit avec l’autre. Sans cette terre qui se dresse soudain toute droite, après une levée progressive des fonds, pas de vagues qui déferlent. Sans cette mer qui agresse et protège en même temps, pas de micro-climat sur cette île où les températures moyennes sont de 8,3° en janvier, 16,8 en août. Jamais vraiment froid, jamais vraiment chaud. Un rêve en période de dérèglement climatique…
J’espère que vous avez passez un bel été, peut-être même que certains d’entre vous sont allés à Ouessant.
En tous cas, la photo de mer est de retour, tous les lundis matins. 

Le site d’Ondine Morin: https://www.kalon-eusa.com/

 PS: N’hésitez pas à faire suivre la photo à vos amis! 
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PS2: il y a 4 nouveaux livres prêts à paraître aux éditions Nautilus… Tous parlent de mer… Je vous invite à les découvrir: www.nautilus.tf 
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